Plus loin que le tour de piste


Go to La Rochelle,

A force de faire le trajet en voiture, comme un rampant sur l’autoroute, je l’avais rêvé cette nav’ entre La Rochelle et Montpellier.

Six heures de bagnole, concentré sur les malades en BM et les camions imbus de leur immensité (…’pas de clin d’œil ..!), à comparer avec les deux petites heures et des pouces de bonheur entre ciel et terre, loin des radars capricieux et si prés de l’azur, était le projet simple que je voulais partager depuis fort longtemps.

Hervé me bassinait depuis pas mal de temps et puis l’occasion s’est présenté. Du kéro dans le tracteur, des piles dans Navi et Garmin, un slip, une brosse à dents, les cartes, le log, tout ça dans le même sac et …. «Go to La Rochelle»…. Et puis soyons honnête, j’avais envie de leur montrer à ces deux méditerranéens pur jus que sont Hervé et Jean Marie qu’à La Rochelle, non seulement il fait beau, non seulement ce n’est pas la Bretagne mais qu’en plus, le vent y souffle chaleureusement dès que Xinthia est parti et que la lumière sur les parcs à huîtres enveloppe la terre et la mer dans une même douceur parfumée. Bon je m’égare, désolé, c’est mon pays…

Au départ de Montpellier, Hervé se met au manche. Direction Périgueux, via Travers Rodez, Figeac. Cap 310, P comme Portugal donc Pair donc niveau 65. Je fais la remarque que le compas est joueur voire mutin. Tourne dans un sens, puis dans un autre bref, il ne s’embarrasse pas trop de la précision … « hum! hum!… » font mes deux compères. Certes, trois GPS sont en activité à bord; je ne pense pas que l’on va se perdre mais bon, j’ai ma déontologie alors le log de nav’, les VAC, la carte correctement pliée, l’utilisation du VOR, le cap et la montre. Je sens bien qu’autour de moi, sans me désapprouver, il y a comme une ironie qui flotte.

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Périgueux est là. Une concentration d’avion sur le tarmac. « C’est tous les jours ?.. » que je demande naïvement à l’aéroclub. « Non, non, c’est un rendez vous Orbifly ». Un superbe DC 3 au parking; on s’approche, on commente, on déconne bref il fait bon, il fait beau, y’a des avions partout et en plus on va se remettre en l’air…. T’en veux d’autre des moments comme ça ?
Je prends les manettes. Direction Royan. Rejoindre la côtière de l’embouchure de la Gironde à l’île de Ré. Bien au loin, je le reconnais mon pays avec ce morceau de mer qui s’enfonce dans les terres et qui fait que le Saint-Emilion est si bon. Terre de Guyenne, gardé si jalousement pendant des siècles par les anglais. Royan, la forêt de la Coubre, l’embouchure de la Seudre, MarennesOléron, ça rime avec Muscadet, huîtres, moules, 4500 ft QNH, soleil qui se pose lascivement sur son horizon maritime, tout cet univers, c’est le même moment.

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Le soir même, chez moi, un feu d’artifice musical magnifiquement orchestré est lancé de la plage. « Jean-Marie, Hervé… sincèrement, avouez, on sait pas recevoir à La Rochelle..? ».

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Je ne rentrerai pas dans les détails de ce temps très court que je passe chez moi, entre cet avion qui se pose sur la 27 à La Rochelle et ce même avion qui redécolle pour s’enfuir au Cap 170 quelques heures plus tard. Le temps de voir rapidement les miens comme ces éclairs de feux d’artifice qui, symboliquement, ont explosés dans la nuit.

On rejoindra Libourne sans pouvoir s’y poser (Merci le SIV Aquitaine pour le Notam non consulté, mea culpa…. ) puis Sainte Foie la Grande avec son splendide terrain en herbe entouré de vignes mais on ne fera pas de publicité au restaurateur de la plateforme qui nous a reçu comme des oiseaux dans une hélice à plein régime. Hervé ne mangera pas ce midi, je sais que la Révolution est proche…



Voy_LaRochelle9Jean Marie s’installe aux commandes et alors là…Chapeau bas ! Si tous les conducteurs de TGV ont la même rigueur que lui, Air France n’a plus à s’embarrasser de son dispositif de recrutement; qu’il collabore directement avec la SNCF…! L’instructeur est admiratif; le bon contact au bon moment, les bons gestes, les bonnes checks, rien au hasard.

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Travers Saint Afrique, sans se concerter, nous plierons nos cartes, éteindrons nos GPS et nous irons flirter avec ce qui fait la majesté de ce pays. Ses reliefs merveilleux qui déploient ses gorges et ses combes comme une amante trompée tout en te murmurant… « je ne suis pas aussi vaste que les terres de l’océan mais mon corps est aussi généreux ….. ».

Suis-je d’ici ou de là bas ? Je ne sais plus……

Volez, volez loin… Toutes les diapositives du monde ne remplaceront pas ces moments vécus….

Pascal – Aéroclub de Montpellier

Ndlr :
– Tout comme Jean-Marie, Hervé pilote aussi à la perfection, même si Pascal ne le dis pas … 😉
– Laissez tomber le restaurant de Saint Foie La Grande, c’est plus sympa n’importe ou ailleurs. 😥
– Oui, oui, il arrive que parfois, certains ne consultent pas les Notams de la route prévue, même parmi les grands. Pensée émue pour tous les élèves qui un jour ont été surpris par la question de leur instructeur : « Vous avez les Notams ? ». Ceci dit, ce petit déroutement avec trois pilotes et autant de GPS, nous a pris au moins 15 minutes de préparation. Parce que, et ce n’est pas marqué dans les manuels de formations, le plus important dans un déroutement pour cause de piste fermée, reste la terrible question : On va manger ou ????
– Pourquoi une pause à Périgueux ? Réponse ce vendredi autour du comptoir